FORUM GAUCHE ECOLOGIE du pays des Herbiers

Pour une agriculture durable

FORUM Gauche Ecologie Journal municipal - Juillet 2002

 

POUR UNE AGRICULTURE DURABLE

Une étude récente commandée par le Comité cantonal des jeunes agriculteurs des Herbiers (CCJA) vient de montrer que beaucoup d'exploitants, en passe d'arriver à la retraite dans les dix ans, n'ont pas de repreneur. En effet, il est de plus en plus difficile de transmettre les exploitations du fait de leur surface et de leurs équipements toujours plus importants. Un jeune qui démarre doit parfois se mettre 300 mille euros d'emprunts sur le dos, sans compter que cela peut amener également à une dépendance de plus en plus importante des grands groupes agro-alimentaires ; sans compter que les jeunes agriculteurs veulent aussi du temps pour vivre en dehors du travail ; sans compter les futures contraintes dues au plan de maîtrise des pollutions agricoles (PMPOA) étant donné que l'environnement est déjà pollué…; etc.

Nous sommes donc dans une logique qui conduit à la disparition des emplois agricoles.

Le PMPOA, présenté par la Direction départementale de l'agriculture, confirme que la Vendée est classée en zone vulnérable. Sont visées notamment, les communes des Herbiers, de Beaurepaire, de La Gaubretière et de Mesnard. Qui plus est, le canton des Herbiers va bientôt être classé en zone d'excédent structurel (trop de nitrates). Il n'est donc pas surprenant que ce nouveau plan nous indique, par ailleurs, que le bassin versant du barrage de La Bultière a dépassé les concentrations maximales de nitrate pendant 12% du temps sur les cinq dernières années. Il a même fallu, pour avoir une eau "potable", à certaines périodes et pendant plusieurs mois, basculer notre approvisionnement sur le barrage de Rochereau. Lequel, la plupart du temps, ne vaut guère mieux …

Cette situation nous a amenés à nous opposer aux projets d'extension d'élevage présentés au conseil municipal des Herbiers, car le bocage vendéen ne doit pas se retrouver dans la situation catastrophique de la Bretagne. Et la solution ne consiste pas à installer une station d'épuration (encore un investissement) dans chaque ferme ! Arrêtons de détruire pour réparer ensuite, il faut traiter le problème à la source. C'est le modèle de développement agricole qu'il faut changer.

L'agriculture est sur la sellette depuis quelques années et les reproches ne manquent pas : paysages saccagés (les remembrements), nuisances olfactives ( de nombreux élevages hors-sol), pollution de l'eau (nitrates et pesticides), problèmes de sécurité alimentaire (vache folle, bœuf aux hormones, OGM …), argent public utilisé sans contrôle (primes de la PAC non équitables et favorisant l'agriculture industrielle), etc. Tous ces problèmes ont renforcé et aggravé la méfiance des citoyens-consommateurs envers le monde agricole.

Cependant les choses sont complexes.

La politique de production intensive qui nous a conduits à ce désastre a été imposée depuis 40 ans par les banques, les groupes agro-alimentaires et agro-chimiques, la grande distribution, relayés par la FNSEA et les pouvoirs publics. Si de 1945 aux années 70, la France avait pour objectif d'assurer son autonomie alimentaire, depuis cette époque ces différents groupes d'intérêt ne sont plus que dans une recherche de profits rapides. Dans leur logique productiviste, ils forcent toujours l'allure afin de favoriser la quantité au mépris de la qualité.

C'est de cette fuite en avant dont sont victimes les petits exploitants agricoles : toujours plus d'emprunts pour toujours plus d'investissements. Toujours plus de production et toujours plus d'heures de travail pour toujours plus de remboursements. Tout ça, pour des salaires de misère. C'est une logique perverse qui mène les agriculteurs à la catastrophe. A cela, il faut ajouter maintenant la mondialisation économique sauvage…

L'agriculture doit permettre de fournir des produits de qualité, de créer des emplois et d'entretenir le territoire. Il faut pour cela une agriculture durable, grâce à une production extensive quand ce n'est pas bio. D'ailleurs, plusieurs dizaines d'exploitants de notre région ont déjà modifié leurs pratiques pour un résultat très satisfaisant. Il faut aussi des contrats territoriaux d'exploitation dignes de ce nom : filière qualité, maintien de l'emploi, diversification, diminution des engrais, lutte contre l'érosion des sols, etc. La future charte de Pays devra prévoir les conditions de la mise en œuvre de cette politique.

Enfin, les agriculteurs et les consommateurs doivent établir de nouveaux liens de confiance. Les premiers en modifiant progressivement, mais en profondeur, leurs modes de production ; les seconds en acceptant de payer plus cher des produits de qualité fabriqués au pays dans des conditions écologiques et sociales décentes.



27/12/2007
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