FORUM GAUCHE ECOLOGIE du pays des Herbiers

Nous voulons tout d'abord rappeler que nous sommes favorables sur le principe à une stratégie de développement. Ceci pour deux raisons principales :

1 – Dans le but de favoriser l'emploi ; même s'il y aurait beaucoup à dire sur les conditions de travail et les salaires qui sont pratiqués dans notre région.

2 – Pour faire en sorte que notre ville joue pleinement son rôle de ville-centre dans le pays qui se dessine.

Mais ce développement ne va pas sans poser de questions.

La première – et la plus importante à nos yeux – est celle de la cohésion sociale ; autrement dit, ce développement profite-t-il à tous ? Il nous semble que ce n'est pas le cas, notamment parce que beaucoup de lotissements sont construits aujourd'hui sans respecter le quota de 23 % de logements sociaux préconisés par le PLH. Nous savons pourtant tous combien la question de l'accès au logement, notamment pour les jeunes couples, est ici cruciale. Ceux-ci sont aujourd'hui repoussés des Herbiers. Nous affirmons que les difficultés actuelles d'accession à la propriété exigent une politique de maîtrise publique du foncier. Celle-ci, Monsieur le Maire, fait cruellement défaut.

La solidarité, c'est aussi celle que nous devons aux communes environnantes. De ce point de vue, le développement commercial à outrance que vous menez ne nous paraît pas exemplaire. Quid des conséquences sur le commerce chez nos voisins du nord-est Vendée ? Ce sujet a-t-il fait l'objet d'un débat au Syndicat de pays ? (Et quid du SCOT ?) Si nous ambitionnons d'être la ville-centre du pays, nous n'avons pas vocation à en devenir le Molok !… (L'ogre) Nous ne devons pas entretenir avec nos voisins un rapport de force, mais bien au contraire un rapport de développement concerté, et équilibré.

La deuxième question que ce développement pose est celle de la qualité de notre environnement. Vous avez amorcé, avec la Communauté de communes, une démarche dite de développement durable. Nous devrions nous en réjouir. Nous craignons cependant de voir cette démarche servir d'habillage à une politique toujours plus polluante. J'en veux pour preuve l'absence de méthode volontariste pour diminuer la production de déchets à la source, ou encore l'encouragement d'une politique agricole toujours plus intensive. La mauvaise qualité récurrente de nos eaux de surface devrait pourtant vous alerter.

En troisième lieu, nous voulons évoquer le problème de l'étalement de la ville. Il nous semble que nous atteignons désormais un stade où tout doit être fait pour éviter l'augmentation de son emprise sur les terres agricoles. Une démarche de " développement durable ", justement, consisterait à tout faire désormais pour " construire la ville sur la ville ", comme le préconise la loi SRU. Cela doit être un axe structurant de votre politique d'urbanisme, Monsieur le Maire. Vous avez pourtant gâché de belles occasions dans ce domaine. (Voir le lotissement Albert Deman)

Il est intéressant par ailleurs de constater que la construction de logements sociaux (souvent des collectifs) participe à la limitation de l'étalement urbain. Elle permet également de faire des économies d'énergie et facilite le transport collectif. Bref, il y a une cohérence entre une politique sociale et une politique environnementale.

La quatrième question que soulève ce développement concerne les besoins générés par l'augmentation de la population. A ce propos, nous attendons avec impatience les résultats de l'étude sur les besoins en équipements publics de notre cité.

Une fin de mandature voit souvent la réalisation de grands travaux qui ont fait l'objet d'études dans la première partie de celle-ci. C'est le cas du projet d'aménagement de la place des Droits de l'homme. C'est un projet que nous avons soutenu, avec quelques réserves cependant :

• L'absence de valorisation de la Grande Maine ;

• La non remise en cause de la place centrale du Crédit Agricole ;

• Enfin, le fait que peu de bâtiments publics soient prévus dans ce lieu symbolique pour la ville.

A ce propos, l'abandon du projet de médiathèque à l'emplacement de La Poste ne va pas dans le bon sens. En effet, une ville a besoin de bâtiments publics en son centre, des espaces qui appartiennent à tout le monde, qui constituent le cœur de ville et qui symbolisent le " vivre ensemble " républicain. Par ailleurs, notre ville a réellement besoin d'une médiathèque.

S'agissant du site Novestyle, nous voulons rappeler que cet espace ne peut se concevoir que dans un quartier de la gare totalement repensé. C'est en effet un lieu stratégique à la croisée du centre ville, du Petit-Bourg, d'Ardelay et du Grand-Fief. Il a vocation à devenir un vrai quartier de ville, pas une zone industrielle comme une délibération récente le laissait envisager. Nous attendons beaucoup, à ce sujet, du concours d'aménagement qui va être lancé.

Par ailleurs, nous nous interrogeons sur l'aménagement d'une piste cyclable pour relier le centre ville et… les magasins d'usine ! Alors qu'il n'y en a toujours pas pour relier le centre ville et les collèges Jean-Yole et Jean-Rostand.

Et comme chaque année depuis longtemps, Monsieur le Maire, nous vous demandons de lancer un programme d'isolation thermique des bâtiments publics. C'est un investissement écologique et… économique. (Pouvez-nous nous dire la dépense de chauffage annuelle qu'ils représentent ?)

Enfin, dernière remarque concernant les projets d'investissement : nous nous interrogeons sur l'emplacement envisagé pour la future école du quartier de la Tibourgère. L'expérience de celle de la Métairie nous laisse penser qu'il peut être hasardeux de la programmer au sein même du quartier, alors que celui-ci, dans une quinzaine d'années, hébergera moins de jeunes enfants. Ne serait-il pas plus judicieux de la prévoir entre le centre ville et le quartier, à proximité de la rocade par exemple ? Nous avons aussi toujours le souci de conserver un cœur à notre ville. (De ce point de vue, la ville de Cholet nous paraît un exemple à ne pas suivre)

La situation financière

Sur ce point, Monsieur le Maire, nous faisons sensiblement la même analyse que l'an passé.

Cependant, avec 4 M€ d'emprunts en 2007 vous faites sauter la banque ! (Il faut mettre cette somme en relation avec les 21 M€ de notre dette actuelle ; c'est-à-dire que vous projetez d'augmenter celle-ci d'un cinquième en une année !) Ces 21 M€ positionnaient déjà notre niveau d'endettement par habitant dans le haut de la fourchette des villes de même taille (Et pourtant vous continuez à l'étaler dans le temps…). Qu'est-ce que ça va donner avec ce nouvel emprunt ! (Pourriez-vous nous fournir le tableau comparatif ?)

Et parallèlement, cependant, vous décidez de ne pas toucher aux taux d'imposition.

Tout d'abord, ce choix ne nous paraît pas très moral puisque vous faites porter l'effort sur les mandatures futures. Période électorale oblige… (Ce sont les mêmes méthodes que l'Etat, que vous dénoncez par ailleurs…) Ensuite, il nous paraît très risqué, et ceci pour deux raisons :

1 – Nous empruntons fortement à un moment où les taux ont beaucoup monté ;

2 – Nous avons beaucoup d'incertitudes – vous le dites vous-mêmes à plusieurs reprises – quant à nos ressources futures. (Voir la réforme de la TP)

Par ailleurs, Monsieur le Maire, l'impressionnante somme des reports de l'année 2006 nous amène à vous faire part de notre étonnement et de notre inquiétude devant l'approximation de votre programmation budgétaire.

Pour conclure :

Un développement, oui ; mais un vrai développement durable, sur le plan social comme environnemental. Un budget ambitieux, oui ; mais un budget sainement géré et… moral.