FORUM GAUCHE ECOLOGIE du pays des Herbiers

Le journal Ouest-France a publié une série d'articles, en juin de cette année, sur la réussite économique du bocage vendéen. Aujourd'hui le taux de chômage y oscille autour de 4 %, ce qui à première vue constitue un très bon chiffre par rapport à la moyenne nationale (8,5 %). Mais certaines des personnes interviewées laissent entendre qu'il y a un revers à la médaille.

L'historien et géographe, Jean Renard, explique que malgré une main d'œuvre compétente, " Le " miracle économique " vendéen repose en grande partie sur les bas salaires. " Et d'autres réserves sont mises sur ce tableau économique idyllique : la Médecine du Travail fait le constat que les postes en 2x8 ou en 3x8 ont des répercussions négatives sur la santé des personnes (les femmes sont concernées comme les hommes) ainsi que sur leur vie familiale (mesurera-t-on un jour les conséquences sur l'éducation des enfants ?) Des salariés témoignent qu'ils connaissent une forte pression psychologique : " On nous demande de terminer plus tard, mais il est impossible de se retourner : On ne l'apprend que l'après-midi pour le soir même… A la moindre erreur, les avertissements pleuvent… On travaille la peur au ventre, celle de perdre notre poste… Il est impossible de faire grève… Etc." D'après la médecine du travail toujours, " Il y a de nombreux cas de dépression et de grosse fatigue. A cela s'ajoutent des conditions de travail plus pénibles qu'avant pour les femmes. " Les conditions physiques peuvent en effet être difficiles elles aussi, avec le rendement, le travail dans la chaleur ou le froid et les gestes répétitifs.

Bref, ce n'est pas vraiment du développement durable tout ça… Il est particulièrement intéressant de le faire remarquer à une époque ou tout " responsable " n'a que cette expression à la bouche ! Et nous n'avons pas parlé du travail précaire (Intérim, CDD) qui fait florès, du temps partiel non choisi (voir les grandes surfaces) qui empêche de se bâtir une situation familiale, de la tradition syndicale qui est réduite à peau de chagrin…

Le maire des Herbiers, comme beaucoup d'autres représentants institutionnels, a tendance à montrer en exemple le développement du Nord-Est Vendée. Il était temps de se rapprocher de la réalité et du quotidien de ceux et celles qui produisent cette fameuse richesse économique afin de compléter le tableau. Car le dynamisme des Herbiers est d'abord le résultat de l'engagement de ses habitants soucieux de vivre et de travailler au pays. Merci donc à Ouest-France de leur avoir, un instant, donné la parole.

L'enjeu est maintenant de consolider ce développement en limitant les inégalités ; chacun sait bien que la réussite des Herbiers doit être mieux partagée entre ses habitants. Le rythme actuel génère trop de souffrances au travail et trop de tensions sociales. Les inégalités de revenus deviennent de plus en plus flagrantes et se traduisent, par exemple, par des hausses de prix dans l'immobilier. Désormais, les nouveaux salariés qui travaillent aux Herbiers ne peuvent plus habiter cette ville. En 5 ans, les prix des terrains et des maisons ont doublé, alors que les salaires n'ont pratiquement pas bougé.

Selon nous, la prospérité du bocage ne pourra se maintenir qu'à condition de renforcer les solidarités : solidarité à l'égard des plus précaires (intérim, CDD) en leur offrant des emplois durables ; solidarité avec les nouveaux arrivants en leur proposant des logements abordables ; solidarité avec les générations futures en leur donnant la possibilité de travailler et de vivre au pays ; solidarité enfin entre les villes du bocage pour que le développement soit concerté et partagé.

Profitons de " l'embellie " économique actuelle pour préparer un avenir solidaire !